À compter du 1er octobre 2024, des codes transformateurs ICD-10-CM seront introduits pour diagnostiquer l’obésité chez les adultes et les enfants.
Ces mises à jour marquent une évolution majeure dans la manière dont les professionnels de santé catégorisent et abordent l’obésité en milieu clinique. Reflétant les dernières recommandations d’organismes faisant autorité comme l’Académie américaine de pédiatrie et l’American Board of Obesity Medicine, ces changements visent à affiner la précision du diagnostic et à élargir les parcours thérapeutiques pour les individus à tous les âges de la vie.
Cette initiative répond à une prise de conscience croissante du manque de précision des anciens cadres de codage pour distinguer les différents niveaux d’obésité. Il en résultait une fragmentation des rapports et des incohérences dans les soins. Grâce au déploiement de ces codes améliorés, les cliniciens disposent d’outils plus précis pour évaluer la gravité de l’obésité, améliorant ainsi les résultats des traitements et contribuant à réduire les biais souvent associés à cette pathologie.
Pourquoi ces nouveaux codes ont-ils été introduits ?
L’obésité est une maladie chronique et multiforme qui affecte considérablement la santé physique et entraîne des dépenses de santé élevées, tout en diminuant le bien-être général. Touchant des personnes de tous âges, l’obésité demeure un problème de santé publique persistant. L’ancien système de codage ne reflétait pas l’étendue de la gravité de l’obésité, ce qui entraînait des lacunes dans les stratégies thérapeutiques et des erreurs de déclaration dans les dossiers médicaux.
Chez les enfants, une catégorisation précise de l’obésité est particulièrement importante, car le diagnostic dépend des percentiles d’IMC spécifiques à l’âge et au sexe. La nouvelle structure de codage adopte une perspective plus nuancée, conforme aux recommandations cliniques modernes, permettant une identification plus précise de la gravité de l’obésité et des problèmes de santé associés.
Aperçu des codes mis à jour
Le cadre révisé de la CIM-10-CM introduit une classification à plusieurs niveaux pour les populations pédiatriques et adultes, délimitant trois classes d’obésité basées sur des seuils d’IMC :
- Obésité de classe 1 : IMC compris entre 30,0 et moins de 35,0
- Obésité de classe 2 : IMC de 35,0 à moins de 40,0
- Obésité de classe 3 : IMC de 40,0 ou plus
Chaque catégorie possède désormais une désignation de code spécifique :
- E66.811 – Obésité de classe 1
- E66.812 – Obésité de classe 2
- E66.813 – Obésité de classe 3
Pour les patients adultes, ces codes E doivent être utilisés en conjonction avec les codes Z existants pour enrichir la clarté du diagnostic et améliorer la personnalisation du traitement.
Les enfants et les adolescents, dont l’IMC doit être évalué sur la base de comparaisons de centiles, disposent désormais également de codes Z correspondants qui correspondent à ces nouveaux niveaux de gravité :
- Z68.54 – IMC pédiatrique du 95e percentile jusqu’à moins de 120 % du 95e percentile (Classe 1)
- Z68.55 – IMC pédiatrique de 120 % à moins de 140 % du 95e percentile (Classe 2)
- Z68.56 – IMC pédiatrique égal ou supérieur à 140 % du 95e percentile (classe 3)
Ces codes Z pédiatriques complètent la série E66 et permettent aux professionnels de santé de documenter plus précisément le degré d’obésité et son contexte. Avec l’adoption de ces nouveaux codes, les désignations obsolètes (comme E66.01 et E66.09) seront progressivement supprimées, marquant ainsi la transition vers un système de codage plus précis.
Comment ces changements bénéficieront-ils aux prestataires et aux patients ?
L’adoption de ces codes améliorés présente plusieurs avantages clés pour les équipes cliniques et les personnes dont elles ont la charge :
1. Une plus grande précision dans le diagnostic
Le système précédent manquait de profondeur pour distinguer les différents degrés d’obésité. Grâce à ces classifications plus précises, les cliniciens peuvent désormais déterminer la gravité de l’obésité avec plus de précision, ce qui est particulièrement crucial pour le traitement des patients pédiatriques dont les risques liés à l’obésité varient selon le stade de développement.
2. Meilleures capacités de collecte de données et de recherche
Historiquement, l’obésité a été sous-représentée dans les codes de santé, ce qui a limité la compréhension de son impact économique et sanitaire. Ces nouveaux codes offrent le potentiel d’améliorer l’intégrité des données et de soutenir des recherches plus approfondies sur l’efficacité des traitements, les interventions de santé publique et l’élaboration des politiques.
3. Combattre les préjugés et réduire la stigmatisation
L’obésité est fréquemment stigmatisée, ce qui peut entraver l’efficacité des soins. En remplaçant un langage désuet et souvent moralisateur par une terminologie axée uniquement sur la classification clinique, comme « obésité de classe III » au lieu d’« obésité morbide », ce système favorise une communication plus empathique et respectueuse entre cliniciens et patients.
4. Permettre un traitement personnalisé
La segmentation de l’obésité en classes distinctes permet aux praticiens d’élaborer des plans de traitement personnalisés, essentiels à l’optimisation des résultats. Ceci est particulièrement pertinent pour les jeunes patients, qui bénéficient d’un accompagnement précoce et continu, adapté à leurs besoins spécifiques et à leur trajectoire de croissance.
Prochaines étapes pour les prestataires de soins de santé
À l’approche du lancement d’octobre 2024, les établissements de santé doivent se préparer activement à cette transition. Voici quelques recommandations :
- Réviser les systèmes de codage actuels : Mettre à jour les dossiers médicaux et les systèmes de facturation afin de remplacer les anciens codes d’obésité par les nouvelles classifications E66 et Z68. S’assurer que les systèmes électroniques sont compatibles avec la structure révisée.
- Informer et former les équipes cliniques : Diffusez les connaissances sur les changements dans toute votre organisation pour garantir que toutes les personnes impliquées dans les soins aux patients comprennent comment appliquer les nouveaux codes de manière appropriée.
- Impliquer les patients dans le processus : Profitez de cette transition de codage pour informer les patients sur l’évolution des normes de prise en charge de l’obésité. Insistez sur l’importance d’utiliser un langage précis et encourageant lors de la discussion des diagnostics et des objectifs de traitement.
L’adoption de ces nouveaux codes CIM-10-CM représente une avancée majeure dans l’amélioration des soins de santé en obésité. Grâce à ces outils, les professionnels de santé peuvent établir des diagnostics plus précis, promouvoir une communication bienveillante et mieux accompagner les patients dans leur parcours vers une meilleure santé.